Comment éviter les décisions absurdes ou les métarègles de la fiabilité de Christian Morel.
Comment des individus formés, intelligents et rationnels peuvent prendre collectivement une décision stupide et absurde ?
Une question à laquelle le sociologue Christian Morel répond dans son ouvrage Les Décisions Absurdes.
Après avoir étudié diverses expériences – dans les secteurs de l’aéronautique et de la santé, au sein de porte-avions et sous-marins nucléaires notamment -, Christian Morel en a tiré des principes fondamentaux pour éviter les décisions absurdes, qu’il appelle les métarègles de la fiabilité.
Voici quelques exemples de métarègles de la fiabilité :
La collégialité, l’écoute et la décentralisation.
Le secteur de l’aviation a fait de ces principes une règle essentielle, dotant le co-pilote d’un avion d’un grand pouvoir de décision.
Et en cas d’incident, c’est au co-pilote de donner son avis en premier, pour ne pas être inhibé par le point de vue du commandant de bord.
Le débat contradictoire.
Toute délibération est soumise à des effets pervers : la pensée de groupe - les participants privilégient la bonne entente plutôt que d’aborder les sujets épineux - ou la communication silencieuse - chacun va imaginer ce que pense l’autre mais en se trompant -.
Le débat contradictoire est pourtant indispensable pour éviter toute décision absurde et peut prendre plusieurs formes, dont celle des avocats du diable.
Après s’être lourdement trompé, sans avoir vu venir la guerre du Kippour, le renseignement militaire israélien a créé un bureau des avocats du diable. Bureau qui prend systématiquement le contre-pied des analyses et des renseignements qui sont remontés, et assure ainsi la tenue d’un débat réellement contradictoire.
Le contrôle du consensus.
Un consensus, parce que tout le monde est d’accord, ne signifie pas que c’est une bonne chose en soi. Sans oublier qu’un consensus peut être illusoire, lorsque qu’un certain nombre de personnes qui ne se sont pas exprimées ne sont pas d’accord.
C’est pourquoi le consensus doit être contrôlé, grâce notamment au débat contradictoire !
La non-punition des erreurs non intentionnelles, un processus devenu essentiel dans l’aviation civile et militaire.
L’enjeu ? Éviter que le risque de punition ne dissuade les acteurs de faire connaitre le problème alors même que c’est la remontée d’informations qui permet de réduire les erreurs. Éviter également de chercher un seul coupable ou une seule cause alors que l’erreur est systémique.
Pour en savoir plus sur le travail passionnant de Christian Morel, c’est par ici.
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